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Les Subsahariennes de plus en plus victimes de trafics; plus de 2.500 Marocaines dans des réseaux de prostitution dans le Golfe!

 

Illustration lEconomiste 23062014Généralement, les femmes originaires des Philippines sont conduites au Maroc via des réseaux spécialisés dans la traite d’employées de maison. La majorité de ces bonnes sont victimes de harcèlement et de violences sexuelles.

 

Le phénomène de l’immigration est en constante évolution, De pays d’origine de migrants, le Maroc est devenu une zone de transit, avant de muter en destination d’immigration à part entière.Selon l’Organisation internationale pour les migrants (OIM), le Maroc compte actuellement quelque 20.000 migrants clandestins. Parallèlement, le gouvernement avance le chiffre de 30.683 migrants en situation irrégulière arrêtés entre 2009 et 2011. Ce flux massif de clandestins constitue un terreau idéal pour l’apparition de toutes sortes de trafics et pratiques crapuleuses. Le dernier rapport des Nations Unies sur la traite des êtres humains, en particulier les femmes et les enfants, dresse un constat alarmant sur l’évolution croissante de cette pratique. Faute de collecte systématique de données par les institutions publiques ou la société civile, le nombre exact de victimes de la traite ne peut être évalué.

En tout cas, l’ONG Médecins sans frontières (MSF) a indiqué avoir prodigué, au cours des 3 dernières années, des soins médicaux de base et une aide psychologique à environ 700 victimes de violences sexuelles, dont plus de 240 victimes de la traite. Pour sa part, l’OIM signale que la majorité des victimes de la traite qu’elle prend en charge étaient des femmes originaires de Benin City (Nigeria).

Selon le rapport de l’ONU, un réseau de trafiquants nigérians opérerait dans le pays sans être inquiété depuis plus de 10 ans. Par ailleurs, Tanger, qui est l’une des principales plaques tournantes de transit, devient une ville de destination pour les personnes victimes de la traite à des fins d’exploitation sexuelle.

Le rapport a recueilli ainsi des informations, auprès d’interlocuteurs de la société civile, sur le cas de femmes et filles congolaises et ivoiriennes victimes de réseaux organisés de proxénétisme.
La traite d’êtres humains ne se limite pas seulement aux femmes, le rapport signale que des hommes sont aussi victimes. Ils seraient soumis à un travail forcé ou servile, notamment dans la région d’Oujda. Plusieurs cas d’hommes nigérians victimes de situations de servitude pour dettes ont été recensés dans l’Oriental (région d’Oujda) en 2012. N’ayant accès à aucune assistance ni  à une protection, les victimes préfèrent ne pas signaler leur situation aux autorités, par crainte de perdre leur emploi et de se faire expulser.

Ce phénomène ne touche pas que les Subsahariens, de nombreuses migrantes originaires d’Asie du Sud-Est, notamment des Philippines, perçoivent  des salaires extrêmement dérisoires  et qui ne dépassent pas les 15% du salaire minimum. Pis encore, elles se font confisquer leurs papiers par leur employeur ou par les trafiquants, qui les obligent même à payer pour récupérer le passeport. Généralement, les femmes originaires des Philippines sont conduites au Maroc via des réseaux spécialisés dans la traite d’employées de maison. Or, au départ, ces migrantes ont des promesses de travail dans d’autres pays. Selon le CNDH, la majorité de ces bonnes sont victimes de harcèlement, de violences, voire d’exploitation sexuelle. Outre les Asiatiques, de jeunes femmes et filles ivoiriennes et sénégalaises sont aussi contraintes de travailler en tant qu’employées de maison.

 

Ces Marocaines des Emirats!
SELON une enquête réalisée en 2007 par l’Observatoire de la communauté marocaine résidant à l’étranger, reprise par les Nations Unies, depuis 2002, plus de 2.500 filles se retrouvaient piégées dans des situations d’exploitation par des réseaux de prostitution à destination des pays du Golfe, surtout vers les Emirats. Les auteurs de l’enquête ont relevé que les contrats délivrés ne correspondaient généralement pas à l’activité initialement prévue. Ces intermédiaires véreux sévissent principalement autour de l’axe Casablanca-Rabat. En réaction, le ministère du Travail a mis en garde les Marocains désirant émigrer de recourir à des agences de placement non officielles, vu qu’un certain nombre d’entre elles ne sont qu’une couverture pour des réseaux de trafiquants.

 

Amine ATER

L'Economiste, le 18 Juin 2014