Le président du Parlement européen David Sassoli a plaidé lundi pour la mise en place d'une mission européenne de recherche et de sauvetage en Méditerranée pour sauver la vie des migrants, car il estime qu'il n'est « plus acceptable » de laisser cette tâche aux seules ONG.

« Je crois qu'il est de notre devoir avant tout de sauver des vies. Il n'est plus acceptable de laisser cette responsabilité aux seules ONG, qui remplissent une fonction de substitution en Méditerranée », a déclaré l'Italien lors d'une conférence sur l'asile et la migration.

« Il faut repenser à une action commune de l'Union européenne en Méditerranée qui sauve des vies et s'attaque aux trafiquants. Nous avons besoin d'un mécanisme européen de recherche et de sauvetage en mer, qui utilise l'expertise de tous les acteurs impliqués, des États membres à la société civile en passant par les agences européennes », a-t-il ajouté.

Depuis le début de l'année, au moins 813 migrants sont morts en tentant de traverser la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). En 2020, ils étaient 1419 et, en 2019, 1885.

En Méditerranée centrale, la route la plus meurtrière, l'UE soutient financièrement les garde-côtes libyens, chargés d'intercepter les migrants en mer, un accord dénoncé par les défenseurs des droits de la personne qui soulignent que ce pays n'est pas un lieu de débarquement sûr.

 

Échec à « donner la priorité à la vie »

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'homme a récemment mis en cause dans un rapport les pratiques actuelles qui échouent à donner la priorité à la vie, à la sécurité et aux droits de l'Homme des personnes qui tentent de passer d'Afrique en Europe.

En vertu du droit maritime, tout navire en mer a le devoir de secourir une embarcation en détresse.

L'Union européenne est présente dans le cadre d'une mission militaire en Méditerranée centrale, l'opération Irini, qui a pour seul mandat de faire respecter l'embargo imposé par les Nations unies sur les livraisons d'armes à la Libye, et non plus de lutter contre les passeurs, comme la mission précédente.

Ses navires interviennent dans des zones à l'écart des routes empruntées par les migrants, une condition exigée par l'Autriche et la Hongrie.

Le nouveau Pacte sur la migration et l'asile, proposé par la Commission européenne en septembre, ne prévoit pas une telle mission, mais recommande que soient mises à l'abri des poursuites les Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui viennent au secours des migrants en détresse, et propose un mécanisme de relocalisation des personnes sauvées en mer pour éviter les négociations actuelles au cas par cas entre États membres.

Publié par Agence France-Presse, le 15/06/2021

Photo : GETTY Images / Alessio Paduano - Un migrant tente de se diriger vers un bateau de l'organisation non gouvernementale allemande Sea Watch en mer Méditerranée, le 6 novembre 2017.